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goût et de l’élégance qui avaient jeté un si splendide rayonnement sur les grands siècles de Périclès et d’Auguste.

En second lieu, la décadence rapide de la société civile romaine, en même temps que la prédominance d’une religion nouvelle, qui, sortant triomphante des luttes terribles qu’elle avait soutenues contre ses persécuteurs, les empereurs de la Rome païenne, fut peut-être tout d’abord presque aussi funeste aux monuments littéraires, derniers débris d’une civilisation à tout jamais vaincue, qu’avaient dû l’être les déprédations sauvages des Huns, des Goths et des Vandales.

Ne nous est-il pas également permis de croire que les polémiques violentes, suscitées, dès les premiers siècles de l’Église, par un fatal besoin de controverse, entre les docteurs orthodoxes et les hérésiarques qui ne tardèrent pas à surgir, amenèrent la destruction d’un grand nombre de manuscrits profanes ?

L’Église était alors fertile en grands courages,

qui versèrent des flots d’encre, et, quand le parchemin manqua, employèrent tout ce qui leur tomba sous la main ; des scribes ignorants croyaient pouvoir, dans leur zèle pieux, sacrifier Tacite, Horace et Cicéron, ces flambeaux éblouis-