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force, appartenait au jeune Octave, à Lépide, à Marc-Antoine, à ces trois maîtres qui, tout à l’heure, à la façon des tigres sur une proie, se partageront le monde, chacun donnant à son voisin, en échange des mêmes sacrifices, la tête de ses amis les plus chers. Voilà des crimes de l’ambition que Jules-César eût reniés de toute l’indignation de sa conscience ! Il acceptait tous les moyens d’arriver à l’empire, hormis les moyens lâches et déshonorants.

Dans ces dernières journées, où la république était vaincue, où les lois anciennes étaient abolies, où le meurtre et la confiscation devaient accomplir leurs plus sanglants outrages, rien ne saurait se comparer au calme, à la grandeur, à la majesté de l’homme éloquent et courageux entre tous, qui venait de prononcer sa quatorzième Philippique. Il était désormais certain de sa défaite ; il. voyait s’opérer chaque jour, entre les triumvirs, ce rapprochement funeste qui devait coûter la vie aux meilleurs citoyens de Rome. Et pourtant jamais son âme et son esprit