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Brutus ! Certes, Cicéron n’était pas au rang des conjurés, l’assassinat n’entrait pas dans cette âme, ouverte à tous les sentiments de la justice, et pourtant, en voyant tomber César, il s’écria que la république était libre. Il fut du côté des sénateurs, il adopta Brutus et Cassius, et les protégeait déjà contre les déclamations de Marc-Antoine, tant la liberté passée avait laissé une trace ineffaçable dans ces âmes véritablement romaines ! En si grand honneur était la république ancienne que ces derniers Romains répondaient encore à l’appel suprême des Cethegus et des Caton.

Ici, plus que jamais, se devait manifester le dévouement de Cicéron pour les libertés qu’il avait tant défendues, et, dans une suite de discours énergiques, tout remplis de l’ardeur des accusations contre Verrès, il prit Antoine à partie, et le couvrit de toutes les haines les plus violentes : — « Le voilà, disait-il, l’ennemi public, voilà la trahison et le danger ! «  Vains efforts ! l’éloquence avait cessé de régner dans Rome ; Rome appartenait à la