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condamné, j’en atteste le visage hostile de Pompée et l’appareil inaccoutumé dont le tribunal est entouré ; ajoutez les méchantes dispositions de la foule, et les lointaines rumeurs des gens qui ne veulent rien entendre ! Il n’y avait pas à se tromper sur ces menaces ; Cicéron ne s’y trompa guère ; il avait déjà une longue habitude de ces tribunaux où la politique ardente se mêlait aux préoccupations de la loi criminelle. Hélas ! le défenseur et l’ami de Milon se sentit, dès l’exorde, accablé de tous ces mauvais présages ; il n’était pas habitué à tout cet appareil, à toutes ces résistances. Il voulait au moins être écouté avec les déférences que méritait un si grand artiste, et, cette fois, il fut au-dessous de sa tâche, soit qu’il ait compris que son client devait expier sa téméraire attitude, ou que lui-même il ait manqué de courage. Un grand capitaine disait en parlant de ses journées de guerre : « J’ai été brave tel jour ! » Pas un homme, ici-bas, n’est brave tous les jours.

Milon fut chassé de Rome ; il choisit pour