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l’Ji OEUVRES D’K.MILI’ DKSCHAMPS. Ta main — quo jo m’enivre au sounie de ta bouche! Tu me glaces de peur! vois mon ani^oisse, vois! Oh! parle! — Fais-moi donc entendre une autre voix • Que la mienne, au milieu de ces terribles voûtes, Ou je vais retomber... mes forces s’en vont toutes... Soutiens ta Juliette! ROMÉO, chancelant. Hélas! je ne le puis, Moi-même, plus que toi, j’aurais- besoin d’appuis! — Trop fidèle poison ! JULIETTE. Du poison! que veut dire Mon époux! — Ah ! ton sein qui lourdement soupire! Tes mains froides! ion front terne et décoloré!... I^t tes regards qui vont s’éteignant par degré... La mort!,.. ROMÉO. Il est trop vrai, je lutte en vain contre elle. Juliette, une force, en moi surnaturelle, Quand ta voix m’a frappé, lorsque j’ai vu tes yeux S’ouvrir... a suspendu le cours impétueux Delà mort, un moment captive avec mes peines... Le poison maintenant coule à flots dans mes veines!... n se tord de douleur. Le temps me manque... enfin, mon destin dans ce lieu M’a conduit pour te dire un triste et tendre adieu... Et mourir avec toi ! JULIETTE. Mourir! ô ciel! Laurence M’a-t-il trompée ! ROMÉO, plus calme. Hélas! une fausse apparence... Te croyant morte, alors, moi, j’ai bu ce poison! Fatal empressementi — J’ai forcé ta prison, Kt j’ai collé ma bouche à tes lèvres vermeilles... l’^t je mourais heureux dans tes bras... tu t"éveilles! Oh!