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ACTE CINQUIÈME. SCENE PREMIERE. La ville de Mantoue. — Une rue. — A droite une petite maison, avec une porte qui s’ouvre. ROMÉO, seul. Si le sommeil souvent dit vrai dans ses mensonges, Si je puis me fier à son charme, mes songes M’annoncent des bonheurs tout près de m’arriver. Sur des ailes, je sens mon àme s’élever Comme un oiseau léger, qui chante dans la nue ; Et, durant tout ce jour, une joie inconnue Me pénètre et respire avec moi ! — J’ai rêvé Que ma femme est ici venue et m’a trouvé Mort dans mon lit — un mort qui pense, rêve étrange !- Et que je renaissais aux baisers de cet ange... Enfin, je me suis vu, riant de ma terreur. Sur un char avec elle... et j’étais empereur! O Dieu! quelles sont donc les délices réelles De l’amour, puisqu’après tant d’épreuves cruelles. Leur ombre, vains tableaux en songe présentés. Verse en un pauvre cœur de telles voluptés! Mantoue, en tes murs même où l’exil m’environne, Je ne sais quelle ivresse !... Baltazar parait. Un courrier de Vérone! Baltazar, n’as-tu pas des lettres du couvent? Du bon moine Laurence? — Eh! mais, auparavant, Avant tout, comment va Juliette! — Mon père Est en bonne santé, ma mère aussi, j’espère :