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180 OEUVRES D’EMILE DESCHAMPS. Ce lit fatal, mon fils, vois, et tu frémiras! La mort prend ton épouse et la tient dans ses bras. C’est le trépas, au lieu de toi, que j’ai pour gendre! PARIS. Et j’accusais le jour qui se faisait attendre ! N’ai-je donc si longtemps imploré ce soleil Que pour le voir m’offrir un spectacle pareil! A la signera Cnpulet. ma mère! LA SIGNORA CAPULET. Quel mot est sorti de ta bouche! Suis-je encor mère? — Non ! LA NOURRICE, se jetant sur le corps de Juliette. Mes pleurs baignent ta couche. Comme autrefois mon lait arrosa ton berceau... Le vieux arbre courbé pleure sur l’arbrisseau. PARIS. divorce éternel ! Ange sitôt ravie ! Ma vie et mon amour! si tu n’es plus ma vie Tu seras mon amour jusqu’au sein de la mort. CAPULET, avec l’accent du désespoir. Dieu lui-même est barbarel... ou le mal est plus fort! DOM LAURENCE. Qui parle ainsi? qu’entends-je? ô faiblesse! ô blasphème! Modérez-vous, au nom des saints, et pour vous-même. ’ De tels emportements ne feraient qu’irriter Les violents chagrins que vous devez dompter. Tout subit les arrêts de Dieu; rien ne les change. — Le ciel et vous, aviez une part de cet ange. Le ciel l’a maintenant tout entière, — est-ce un mal? Vous ne pouviez sauver de son terme fatal Ce qui dans notre exil vous appartenait d’elle ; Mais le ciel lui gardait la jeunesse immortelle! Le comble de vos vœux n’était que son bonheur. Vous placiez votre joie ensemble et votre honneur A la voir au sommet de la fortune humaine. Et vous vous désolez alors que Dieu l’emmène