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L’ENFANT

Mme Valmore y est aussi sincère que dans ses élégies, celles-ci ont été revues, corrigées et torturées par les uns et par les autres, tandis que ses romans, dont nul ne s’est soucié de châtier la forme ni de commenter le fond, gardent encore l’attrait de sentiers non battus où l’on peut herboriser en paix.

La joie qu’éprouve, d’autre part, Mme Valmore à s’évader d’une intrigue, d’une composition où elle est malhabile, n’a pas moins de prix à mes yeux. Je l’invoque ainsi qu’une présomption de véracité. L’intérêt qui languissait se ranime, dès que l’auteur se précipite dans les digressions. C’est la nostalgie du pays natal, ce sont des souvenirs d’enfance, qui faufilent les scènes décousues de l’Atelier d’un peintre. Le plaisir d’y prodiguer ses impressions semble consoler Mme Valmore du mal qu’elle avait à écrire sur commande. Aussi, pour un oui, pour un non, ses personnages — et elle-même la première sous le nom d’Ondine — nous transportent-ils de Paris à Douai. C’est pour le lecteur tout profit.

L’Atelier d’un peintre parut en 1833, mais, à partir de 1831, l’éditeur Ladvocat, dans le Livre des cent-un, en avait publié d’importants fragments. Il est probable que le livre fut commencé vers 1830. Or l’oncle Constant-Marie, que Mme Valmore appelle Léonard dans son roman, était mort depuis deux ans à peine, et elle le regrettait beaucoup. On dirait qu’elle n’a écrit l’Atelier d’un peintre que pour se donner l’illusion d’une chère