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MARCELINE DESBORDES-VALMORE

moi, je lui ai jusqu’ici sauvé le triste secret du pain qui n’a pas encore manqué sur sa table et celle de nos enfants. Le froid ne les a pas non plus attristés. »

Elle allait jusqu’à lui faire croire que les deux cents francs par mois qu’il leur envoyait, c’était trop.

Un jour, la liquidation d’une des faillites préjudiciables au comédien de province, fait tomber 400 francs dans le ménage. Il faut entendre Marceline parler de cette « inondation d’argent qui les a rendus comme ivres pendant quelques heures ! »

Mais ce n’est qu’une éclaircie dont elle profite, d’ailleurs, « pour payer et mettre de l’ordre de tous côtés ». Les mauvais jours reviennent tout de suite, et à son mari, qui devine la vérité et s’en affole, elle doit prodiguer les paroles rassurantes. Elle le voit, avec peine, s’inquiéter de leurs dettes accrues par la mort d’Inès. Sans doute on a dû vendre son piano… ; mais « M. Pleyel s’est conduit honorablement et le prix qu’il a donné de l’instrument couvre les dépenses fatales et nécessaires. Le cordonnier est payé… ; on ne doit rien nulle part et l’on a tellement économisé sur le chauffage, qu’on n’a pas eu encore à renouveler la provision de bois. » Ce n’est pas assez ; elle ajoute :

Si tu veux faire passer un sourire sur ma figure, tu me laisseras t’envoyer 50 francs. Tu sais que je vais recevoir mon trimestre.