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MARCELINE DESBORDES-VALMORE

çaise où il avait encore essayé d’aborder, il faisait une tournée en Savoie, tandis que Victor Augier, avocat à la cour de Cassation, sollicitait pour lui une place dans les commissariats des chemins de fer, et que Marceline allait passer quelques jours en Normandie auprès de ses sœurs.

Puis, l’Odéon avait paru se renflouer. Mais ni Mme Dorval dans Phèdre, ni, en 1843, le succès de la Lucrèce de Ponsard, ne parvenaient à radouber le vieux bateau et, au mois de mai 1845, Valmore retombait à la mer.

Encore quelques efforts désespérés pour atteindre un rivage…, et la rade, cette fois, c’était le Théâtre de la Monnaie, à Bruxelles, dans une entreprise où il avait Charles Haussens et Van Caneghem pour coassociés.

Il eût désiré que sa famille l’accompagnât ; mais c’était impossible.

« Garrottée comme je le suis, loin de toi, lui écrivait Marceline, je sens avec angoisse le délaissement où tu es là-bas, qui double les dégoûts de ta profession. Tu sais mieux que moi pourtant que c’est elle qui nous sauve de l’abîme et que, sans toi, il faut que je périsse. »

Elle disait bien : garrottée, devant sa fille Inès, mourante, à vingt ans !

Ses parents n’avaient pas aperçu les lents progrès de la maladie qui la minait et la rendait ombrageuse, jalouse, difficile. Musicienne un peu, de culture moins fine que sa sœur, elle ne prenait pas son parti d’une supériorité que saluaient les