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LA MÈRE

confirmaient la jeune fille dans la bonne opinion qu’elle avait de soi-même.

« Avec moins de présomption, elle serait accomplie, disait sa mère, mais qu’elle en a ! »

En 1843, Mme Desbordes-Valmore publia le dernier volume de Poésies qu’elle devait faire paraître de son vivant : Bouquets et Prières. Non sans peine.

« Je ne connais qu’un libraire, et il a horreur des vers, » écrivait-elle un jour à Latour.

C’est seulement au lendemain de sa mort que furent recueillies et imprimées, par les soins d’un riche Genevois, M. Gustave Revilliod, les Poésies inédites, qui sont parmi les plus belles dans l’œuvre de Mme Valmore. Et elles sont sans doute les plus belles parce que, telle la Religieuse Portugaise qui disait à M. de Chamilly : « J’écris plus pour moy que pour vous », Marceline chantait pour soulager son cœur ou pour répondre aux « frappements fiévreux » qui étaient ses voix à elle.

Tout ce qu’il fallait exécuter sur commande pour vivre, « pauvres petites broderies de femme » ou proses enfantines pareilles à des jouets fabriqués en prévision du jour de l’an, tout cela l’excédait. Et cependant cette réputation que lui avaient faite ses romances, d’abord, puisses cris passionnés, n’était plus soutenue que par les publications du jeune âge, de la plus rose à la plus bleue.

L’année même de sa mort, c’est encore sous les traits d’une vieille gouvernante, d’une muse d’en-