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MARCELINE DESBORDES-VALMORE

peu au courant des dangers comme invisibles qui peuvent entourer une jeune fille… Garantis-toi de qui pourrait aller le voir sous prétexte d’amitié… Je veux parler de l’étrange vieillard plus fat que philosophe, qui ne cesse de s’agiter dans un besoin de vengeance. S’il va là-bas, comme je le crains, fais l’affaire au théâtre, et sois averti que c’est le plus méchant des hommes… Écoute, il n’y a qu’une puissance divine qui ait pu me faire découvrir ce que j’ai appris à temps.


Enfin, le 30 août 1839 :

Je te recommande surtout de ne lui faire [à Ondine] aucune question sur l’homme dont je t’ai parlé : tu détruirais ainsi l’ignorance profonde où je veux la laisser de ce que j’ai appris et tu éveillerais une curiosité dangereuse chez une jeune fille, quand elle soupçonne que l’on s’occupe d’elle. Le vice, à des yeux purs, prend la forme de l’amour, et l’amour est déjà fort dangereux. J’ai tout ménagé, tout déjoué, sans justifier le ressentiment de personne…


L’imputation est nette et toute autre femme que Marceline eût été sans miséricorde. Cependant, lorsque Sainte-Beuve, bon apôtre ou faux bonhomme, comme on voudra, lui demanda en 1851 des renseignements sur Latouche qui venait de mourir, Mme Valmore écrivit une lettre que je n’admire pas seulement pour sa mansuétude et sa pénétration. Il me semble que l’entreprise de Lalouche contre Ondine donnait parfaitement à sa mère le droit de déclarer : « Il est loin d’avoir fait le mal qu’il pouvait faire. »