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XIII
AVANT-PROPOS

mystifier une fois de plus relativement au loup de Mme Valmore ?

Il est étrange, en tout cas, familier de Sainte-Beuve depuis 1829, qu’il ait attendu neuf ans pour lui révéler un secret dont rien n’avait transpiré depuis trente ans !

Naturellement, Sainte-Beuve, au lieu d’être mis en garde contre ce genre d’information par le mot de Voltaire : Je n’en suis pas sûr, car on me l’a dit ; — Sainte-Beuve frôleur et flaireur incorrigible, s’empressa de prendre une note sur ses cahiers et de colporter la nouvelle, comme il avait colporté les lettres de Musset à lui confiées par George Sand.

De sorte qu’il a peut-être fait plus de mal à Mme Valmore avec un mot, qu’il ne lui a fait de bien avec un livre, fût-ce le meilleur qu’on ait écrit sur elle.

On verra pourquoi je dis cela.

Quoi qu’il en soit, j’ai borné mon dessein à cueillir une existence admirable et à la présenter comme un beau fruit qu’on puisse ouvrir sans voir s’en échapper des fourmis — ou une guêpe.

Je ne séparerai pas l’œuvre du poète de sa vie. Elles se raconteront mutuellement et suivront ensemble le fil de l’eau, afin que les cris semblent sortir de la bouche qui les a proférés et, autant que possible, dans le moment même où elle les a proférés.

Enfin, je ne me suis pas cru tenu d’imiter les auteurs qui indiquent, au fur et à mesure des