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L’ÉPOUSE

Une autre l’ois, à son ami Frédéric Lepeytre et à propos d’un petit prodige, elle confiait : « J’ai une fille qui, dès l’âge de cinq ans, pouvait être aussi la merveille de ce genre. On me disait : « C’est un meurtre de ne pas montrer un tel diamant sur la scène. Vous pourriez faire sa fortune et la vôtre. » Cette idée m’a fait horreur. Mes enfants vont deux fois par an au spectacle. »

Assurément, elle se souvenait…, et quelle que fût sa piété filiale, elle ne voulait pas imiter la mère qu’elle avait eue.

De Lyon, où ils passèrent encore l’année 1822, les Valmore allèrent à Bordeaux. C’est de là que Marceline répétait à son oncle : « Ne pas jouer la comédie est un genre de bonheur que je ressens jusqu’aux larmes. »

À Lyon, elle préférait beaucoup, comme séjour, Bordeaux. Elle y fréquentait la femme d’un armateur, Mme Georgina Nairac, que Sophie Gay lui avait fait connaître.

Un poète girondin, le fondateur de la Ruche d’Aquitaine, Edmond Géraud, autre ami de la maison, note dans son Journal intime[1] un trait déjà signalé par Sainte-Beuve, savoir : que Mme Valmore, riche de souvenirs, les racontait fort bien et avec enjouement. Elle, qu’on se représente toujours prête à fondre en pleurs mélodieux, refusa de se produire dès qu’elle eut quitté le théâtre. Mais, en petit comité, chez Mme Nairac,

  1. Un Homme de lettres sous l’Empire et la Restauration, 1 vol. de fragments publiés par Maurice Albert.