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amants purent, cette fois, rompre sans bruit, comme deux adversaires tombant de fatigue au soir d’une longue bataille dont l’issue reste douteuse.

Il est fini ce long supplice ;
Je t’ai rendu tes serments et ta foi,
Je n’ai plus rien à toi.
Quel douloureux effort ! quel entier sacrifice !
Mais, en brisant les plus aimables nœuds,
Nos cœurs toujours unis semblent toujours s’entendre ;
On ne saura jamais lequel fut le plus tendre
Ou le plus malheureux.
À t’oublier c’est l’honneur qui m’engage,
Tu t’y soumets, je n’ai pas d’autre loi.
toi qui m’as donné l’exemple du courage,
Aimais-tu moins que moi ?
Va, je te plains autant que je t’adore ;
Je t’ai permis de trahir tes amours ;
Mais moi, pour t’adorer, je serai libre encore ;
Je veux l’être toujours !

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Adieu… mon âme se déchire.

Ce mot que dans mes pleurs je n’ai pu prononcer,
Adieu ! ma bouche encor n’oserait te le dire,
Et ma main vient de le tracer !

Elle le répète en une autre élégie :

Adieu, mes fidèles amours,
Adieu, le charme de ma vie !
Notre félicité d’amertume est suivie
Et nous avons payé bien cher quelques beaux jours !

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