Page:Descaves - La Vie douloureuse de Marceline Desbordes Valmore.djvu/118

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Il fut donc aisé à Délie de ménager une entrevue aux deux amants, chez elle, encore.

L’air est chargé d’espoir, il revient, je le jure !

Tout recommençait.

Elle avait fui de mon âme offensée ;
Bien loin de moi je crus l’avoir chassée.
Toute tremblante un jour elle arriva.
Sa douce image, et dans mon cœur rentra.
Point n’eus besoin de me mettre en colère,
Point ne savait ce qu’elle voulait faire ;
Un peu trop tard mon cœur le devina.
Sans prévenir, elle dit : « Me voilà !
Ce cœur m’attend. Par l’Amour, que j’implore,
Comme autrefois, j’y viens régner encore. »
Au nom d’Amour ma raison se troubla :
Je voulus fuir, et tout mon corps trembla ;
Je bégayai des plaintes au perfide.
Pour me toucher, il prit un air timide.
Puis, à mes pieds, en pleurant, il tomba.
J’oubliai tout dès que l’Amour pleura.

. . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Dieu ! sera-t-il encore mon maître ?

Mais, absent, ne l’était-il pas ?

Mais c’est surtout l’élégie intitulée le Retour chez Délie qui nous renseigne à plein ; suprême bondissement d’un pauvre cœur aux abois, avant le coup de grâce !