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a cependant la ſatiſfaction de penſer qu’elle foit ce qui eſt de ſon devoir, en ce qu’elle compatit avec des affligez. Et il y a en cela de la différence, qu’au lieu que le vulgaire a compaſſion de ceux qui ſe plaignent, à cauſe qu’il penſe que les maux qu’ils ſouffrent ſont fort facheux, le principal objet de la pitié des plus grands hommes eſt la faibleſſe de ceux qu’ils voient ſe plaindre, à cauſe qu’ils n’eſtiment point qu’aucun accident qui puiſſe arriver ſoyt un ſi grand mal qu’eſt la lacheté de ceux qui ne le peuvent ſouffrir avec conſtance ; et, bien qu’ils haïſſent les vices, ils ne haïſſent point pour cela ceux qu’ils y voient ſujets, ils ont ſeulement pour eux de la pitié.

Art. 188.