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Comment la hardieſſe dépend de l’eſpérance.

Car il eſt à remarquer que, bien que l’objet de la hardieſſe ſoyt la difficulté, de laquelle ſuit ordinairement la crainte ou meſme le déſeſpoir, en ſorte que c’eſt dans les affaires les plus dangereuſes & les plus déſeſpérées qu’on emploie le plus de hardieſſe & de courage, il eſt beſoin néanmoins qu’on eſpère ou meſme qu’on ſoyt aſſuré que la fin qu’on ſe propoſe réuſſira, pour s’oppoſer avec vigueur aux difficultez qu’on rencontre. Mais cette fin eſt différente de cet objet. Car on ne ſauroit eſtre aſſuré & déſeſpéré d’une meſme choſe en meſme temps. Ainſi quand les Décies ſe jetaient au travers des ennemis & couraient à une mort certaine, l’objet de leur hardieſſe étoit