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de ces mouvemens en l’amour.

Et je déduis les raiſons de tout ceci de ce qui a été dit ci-deſſus, qu’il y a telle liaiſon entre noſtre ame & noſtre corps, que lors que nous avons une fois joint quelque action corporelle avec quelque penſée, l’une des deux ne ſe préſente point à nous par après que l’autre ne s’y préſente auſſi. Comme on voit en ceux qui ont pris avec grande averſion quelque breuvage étant malades, qu’ils ne peuvent rien boire ou manger par après qui en approche du goût, ſans avoir derechef la meſme averſion ; & pareillement qu’ils ne peuvent penſer à l’averſion qu’on a des médecines, que le meſme goût ne leur revienne en la penſée. Car il me ſemble que les premières paſſions que noſtre