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contraires, ne ſont pas le bien & le mal qui ſervent d’objets à ces déſirs, mais ſeulement deux émotions de l’ame qui la diſpoſent à rechercher deux choſes fort différentes, à ſavoir : l’horreur eſt inſtituée de la nature pour repréſenter à l’ame une mort ſubite & inopinée, en ſorte que, bien que ce ne ſoyt quelquefois que l’attouchement d’un vermiſſeau, ou le bruit d’une feuille tremblante, ou ſon ombre, qui foit avoir de l’horreur, on ſent d’abord autant d’émotion que ſi un péril de mort tres-évident s’offroit aux ſens, ce qui foit ſubitement naître l’agitation qui porte l’ame à employer toutes ſes forces pour éviter un mal ſi préſent ; & c’eſt cette eſpèce de déſir qu’on appelle communément la fuite ou l’averſion.

Art. 90. Quel eſt