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Cette raiſon eſt qu’elles ſont preſque toutes accompagnées de quelque émotion qui ſe foit dans le cœur, & par conſéquent auſſi en tout le ſang & les eſprits, en ſorte que, juſqu’à ce que cette émotion ait ceſſé, elles demeurent préſentes à noſtre penſée en meſme façon que les objets ſenſibles y ſont préſents pendant qu’ils agiſſent contre les organes de nos ſens. Et comme l’ame, en ſe rendant fort attentive à quelque autre choſe, peut s’empeſcher d’ouïr un petit bruit ou de ſentir une petite douleur, mais ne peut s’empeſcher en meſme façon d’ouïr le tonnerre ou de ſentir le feu qui brûle la main, ainſi elle peut aiſément ſurmonter les moindres paſſions, mais non pas les plus violentes & les plus fortes, ſinon après que l’émotion du ſang & des eſprits eſt apaiſée. Le plus que la volonté puiſſe faire pendant que cette é