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Chapitre IV.

vous connoîtrez éuidemment que tant s’en faut que toutes les choſes qui ſont autour de nous puſſsent étre ſenties, qu’au contraire ce ſont celles qui y ſont le plus ordinairement, qui le peuvent étre le moins, & celles qui y sont toûjours ne le peuvent étre jamais. La Chaleur de nôtre cœur eſt bien grande ; mais nous ne la ſentons pas, à cauſe qu’elle eſt ordinaire. La peſanteur de nôtre corps n’eſt pas petite, mais elle ne nous incommode nullement : Nous ne ſentons pas même celle de nos habits, parce que nous ſommes accoûtumez à les porter. Et la raison de cecy eſt aſſez claire : Car il eſt certain que nous ne ſaurions ſentir aucun