Page:Descartes - Le Monde, éd. 1664.djvu/23

Cette page a été validée par deux contributeurs.
3
Chapitre I.

n’ayant aucune reſſemblance avec les choſes qu’elles ſignifient, ne laiſſent pas de nous les faire concevoir ; & mémes c’eſt ſouvent ſans que nous prenions nullement garde au ſon des mots, ni à leurs ſyllabes : en ſorte qu’il peut arriver qu’apres avoir ouy un diſcours, dont nous aurons fort bien compris le ſens, nous ne pourrons pas dire en quelle langue il aura eſté prononcé. Or ſi des mots qui ne ſignifient rien que par l’inſtitution des hommes, ſuffiſent pour nous faire concevoir des choſes, avec leſquelles ils n’ont aucune reſſemblance : Pourquoy la Nature ne peut-elle pas auſſi bien avoir eſtably certain ſigne, qui nous