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626 Vie de Descartes.

» formaient le mausole'e de Descartes. A très peu de profondeur en » terre, nous trouvâmes les restes d'un cercueil de bois pourri et » quelques ossements très frustres [sic] et en très petite quantité, » c'est-à-dire : une portion du tibia, du fémur, et quelques frag- » ments d'un radius et d'un cubitus. »

« Je vous prie de remarquer, Monsieur le Baron, que ces frag- » ments, au lieu d'être en double comme ils se seraient présentés » si le corps eût été déposé là dans son entier, étaient uniques et » isolés des autres parties du squelette, qui manquaient. Cependant » nous avons trouvé une très petite partie d'un os plat, d'un tissu » serré, qui nous a paru [sic] être un fragment du crâne, comme » pourrait le présenter le frontal. Cette partie était si peu spon- » gieuse, que j'en ai fait faire plusieurs bagues (ces bagues ressem- » blaient à une agathe spongieuse) ; je les ai offertes à des amis de » la bonne philosophie. Je n'affirme pas qu'elle soit précisément » du crâne, mais elle en avait tous les caractères. Ce détail est » seulement pour prouver la petitesse du morceau. »

" Tout ceci, Monsieur le Baron, confirme l'opinion qui existe » encore en Suède, et le bruit qui s'y répandit lorsqu'on fit la remise » du corps de Descartes au trésorier de France M Dalibert ; on » disait : qu'il n'en avait qu'une partie ; que la plus considérable, et » principalement la tête, était restée à Stockholm *. Il est bon d'ob-

a. Constatons qu'on ne retrouve plus ici une assertion singulière, que Lenoir avait acceptée autrefois un peu légèrement. En 1806, au tome V de son Musée des Monumens français [que nous avons déjà cité, p. 612 et 6i3), il reproduit p. 74-75, le texte que nous avons donné, p. 614 : « N° 180. Médaillon... »; puis il y ajoute quelques lignes plus ou moins exactes sur le transport des restes de Stockholm à Paris en 1666- 1667, et continue ainsi :

« L'officier suédois, chargé de cette commission, ouvrit secrètement la » bière, et enleva le cœur de Descartes, qu'à son retour il cacha dans sa » maison, et qu'on a trouvé, à la mort de cet officier, avec cette inscrip- » tion : Ce serait offenser grièvement les dieux tuîélaires de la Suède, » que de rendre la plus noble partie de ce grand philosophe français à » son ingrate patrie; elle n'est pas digne de posséder un trésor si pré- » deux, ni de jouir d'un si grand bienfait de notre part. Qu'elle pleure » la perte qu'elle a faite, pour peu quelle veuille l'honorer dans la » mémoire des hommes. » (Pages 75-76.)

Quelle invraisemblable anecdote ! Et comment, après seize à dix- sept ans de séjour en terre, aurait-on retrouvé intact le cœur d'un cadavre, qui n'avait pas ett embaume? Mais peut-être Lenoir voulait-il dire le crème, et non pas le ca'ur? Voir le texte cite p. 623 ci-avant.

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