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Descartes en Suède. 54J

encore qu'on ne lui eût pas demandé de le danser. Mais peut- être l'avait-on fait, et ces vers furent-ils la rançon qu'il paya. Avant lui, l'ambassadeur LaThutllerie, n'avait-il pas dû. presque quinquagénaire et goutteux, sur une invitation royale, figurer dans une « courante » au bal de la cour^? Espièglerie delà jeune reine, qui était alors dans toute la gaîté de sa vingtième année. Notre philosophe paraît d'ailleurs s'être prêté de bonne grâce à cette petite sujétion de cour, comme avait fait déjà son ami Chanut. En 1646, celui-ci se souvint, après vingt ans, que lui aussi avait versifié, et composa en l'honneur de la reine une ode, sans doute latine, qui fut soumise au jugement de l'arbitre réputé à Paris, Jean Chapelain lui-même. Chanut s'excusait d'envoyer, disait-il, « ces fleurs du septentrion, ces » perceneiges, à qui cultive les roses du Parnasse». Nous

a. Tome V, p. 468-459 : récit de Baillet. Au sujet de La Thuillerie, Chanut écrivait à Brasset, le 20 janv. 1646 : « Sa goutte, à ce que j'ap- » prends du paffé, ne l'a point quitté fi nettement qu'elle a de couftume. » Il luy refte toufiours vn peu de douleur fur vn pied, dont la guerifon » eft fort retardée par fon aiïîduité auprès de la Reyne, qui mefme, » nonobltant fa canne à la main & fes fouliers renouez de galands, le » prit dernièrement pour danfer vne courante. Il quitta efpée & cappe, » & auec toute fa foiblefle, s'il n'efleua pas fa courante par {lire fort?) » haut, au moins en marqua il le plan {lire pas ?) juftement & de bonne » grâce... » {Bibl. Nat., MS. fr. 17962, p. 99.)

b. Chanut et Freinsheim avaient composé, sous forme d'ode, chacun un éloge de la reine de Suède. Les deux pièces furent envoyées k Paris, où M. de Lionne, à qui elles étaient adressées, les soumit au jugement de Chapelain. On a la réponse de celui-ci, datée du 4 avril 1648 : « Il eft » certain, Monf', que ces deux Odes font fort belles, fort morales & fort » latines, & que ce n'eft pas fans raifon que vous y auez remarqué cet air « galand qui fe rencontre fi rarement dans les matières philofophiques. » Sans preocupation neantmoins, je croy vous pouuoir dire que celle du » Refident a je ne fçay < quoy > de plus fin & de plus poétique que » celle du bibliothequaire. . . » (Bibl. Nat., MS. fr. 17964, p. 388 v.) Et plus loin : « Il y a longtemps que je reconnois la force de Monfieur Cha- » nut en ce genre d'efcrire, & noftre ancienne amitié ne luy a pas permis » de me cacher ce talent, dans lequel il laiffe bieti loing derrière foy » plufieurs de ceux qui en font leur exercice principal, bien qu'il » cultiue peu, & qu'il y ait plus de vingt ans qu'il a fait diuorfe auec les » Mufes... » (Page 388 v. et 389.) Et enfin : « Mais, Monf', vous

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