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518 Vie de Descartes.

publication de lôSy. Quatre à cinq mois se passèrent. Notre philosophe, un peu inquiet de ne rien recevoir, écrivit le pre- mier à Chanut, le 6 mars 1646, pour lui rappeler discrètement sa promesse : un jugement sur les Principes, venant de lui, sera reçu, dit-il, «comme un oracle ». Il ignorait peut-être que Chanut, parti d'Amsterdam le 9 octobre, n'était arrivé à Stockholm, (après un arrêt en Danemark, il est vrai), que le 3i décembre 1645; puis il avait dû se mettre au courant de son service. Pourtant l'hiver est long en Suède, et faisait à nos Français des loisirs que ceux-ci ne savaient comment employer: un jour Chanut raconte que son secrétaire et lui vivent « comme deux hermites, sauf qu'ils ne disent point de chape- » lets » : ils préfèrent le jeu de cartes, et la lecture de quelques Hvresb, Mais dans sa réponse du 5 mai, Chanut avoue qu'il n'a pu lire encore les Principes ; et pour s'excuser sans doute, il allègue que la morale l'intéresserait davantage ; à quoi Des- cartes s'empresse de déclarer que précisément sa physique fournit le fondement de la morale, il ajoute : de la plus haute et de la plus pure morale". Peut-être Chanut se donnait-il ici pour moraliste plus qu'il n'était réellement. Il a beau témoigner à Descartes, qui approuve, que l'essentiel est de se connaître soi-même, et le monde et Dieu, c'est-à-dire la maison que l'on habite et le maître de cette maison : à un autre correspondant il confie, à propos de religion, « qu'il habite dans la maison de » la foy, sans curiosité d'en voir les fondemens » ; et recevant un ballot de livres, celui qui attire aussitôt ses regards est la Sélénographie du P. Magni**. Rappelons qu'il avait essayé

a. Tome IV, p. 376-378. En particulier, p. 377,- 1. 19.

b. Chanut à Brasset, 18 mars 1646 (la reine, il est vrai, est absente, et le chancelier Oxenstiern est malade) : « Nous viuons, M' de Saindl- » Romain tk mo)^, comme deux hermites qui, faute de chappelets, s'entre- » tiennent quelquesfois auec des cartes, & fouuent auec nos liures. » Il prononce même ce mot : « noftre faineantife ». {Bibl. Nat., MS. fr. 17962, p. 199.)

c. Tome IV, p. 441, 1, 24-27. Et t. V, p. 290-291,

d. Chanut à M. de Brégy, 27 juin 1648 : « ...l'ay receu le ballot des » liures qu'il vous a plu me faire enuoyer... le donneray à M. noftre

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