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point qu’elle désira l’avoir auprès d’elle à sa cour. D’un autre côté, Chanut fit si bien, qu’il amena Descartes à écrire d’abord à la reine, puis à entreprendre ce voyage de Suède, qui lui était représenté comme une simple promenade. Chanut sans doute crut bien faire en cela, et servir les intérêts de son ami Mais c’était aussi, de sa part, un acte de bonne politique : diplomate avisé, il mettait tous ses soins à complaire à Christine, flattant ses goûts et secondant ses projets; les affaires du roi et les siennes propres ne pouvaient que s’en trouver bien.

Chanut n’était pas cependant pour Descartes un ami d’en- fance ou de jeunesse, et tous deux le regrettaient fort"; mais leur amitié d’arrière-saison eut aussitôt la même chaleur, que si elle était née au printemps de leur vie, et qu’elle datât, dit Descartes, de quarante ans. Elle s’était déclarée par une sympathie réciproque dès leurs premiers entretiens, à Paris, lors du voyage de 1644; ce fut sans doute dans la maison de Clerselier, dont Chanut avait épousé la sœur. Clerselier, nous l’avons vu, s’occupait de traduire en français les Méditations, et Chanut, de même, était réputé philosophe. On l’était à bon compte en ce temps-là : Balzac donne ce titre à presque tous ses correspondants, et ne manque pas de le prendre aussi lui-même ; c’était presque le synonyme d’ami des lettres simplement. Toutefois, dès 1634 au moins, Chanut s’intéressait aux nouveautés de Gassend*", plus tard, il suivit la polémique du

» ad faniitatem, non petulantiam fufficiat. De CEeteris fenfuum oblefta- » mentis quaedam permittere, ne duriùs habitum in medio curfu fatifcat. » » Deus Opt. Max., cujus mifericordia dédit haec femel velle, conftanter » etiam in pofterum obfervare concédât, v

a. Tome X, p. 604; et t. IV, p. 537-538.

b. Lettre de Luillier à Peiresc, 19 avril i634. Il énumère, parmi les esprits curieux de Paris : « Monfieur de la Broffe, Moreau, Bouillaud, le » Père Merſenne & un M’ Chanut, Tlireforier de France en Auvergne, » duquel j’honore extrêmement l’efprit & le favoir, bien que j’en aie » perdu l’amitié. M"^ Gaffendi vous pourra donner davantage de cognoif- » fance du mérite de ce perfonnage, fans doute un des plus grands philo- » fophes que nous aions aujourd’hui à Paris. Au refte, je croy que » M"^ Bourdelot vous l’a efcrit. . . » {Les Cornespondants de Peiresc : XVI,

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