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Passions de l'Ame. 491

Cureau de la Chambre était médecin, et Descartes espérait sans doute, qu'à ce titre il saurait traiter convenablement des passions. La première fois, en eflPet, qu'Elisabeth l'entretint de ce sujet, notre philosophe lui recommanda comme étude préparatoire son Traité des Afiimaux", qui était, nous dirions aujourd'hui, un traité d'anatomie et de physiologie. C'est aussi d'ailleurs ce que Desc^rtes entendait par le terme de médecine, et non pas seulement l'art de guérir les maladies : dans son Discours de la Méthode il avait mis, disait-il déjà, «• quelque peu de médecine », c'est-à-dire une étude sur le mouvement du cœur. Un Traité des Passions doit donc com- mencer par la physique; mais il doit finir par la morale. C'est à propos de morale, en effet, que Descartes sera amené, dans sa correspondance avec Chanut, à lui parler des pas- sions. Elles occupent ainsi, dans l'ensemble de sa philosophie, une place intermédiaire, qui se justifie par leur double nature, résultant de l'union de l'âme et du corps. Nous retrouvons là une des trois ou quatre idées principales de notre philosophe, idée originale et qu'on n'avait pas eue avant lui. Aussi ne fait-il aucun cas de ce que les Anciens nous ont laissé sur les passions : c'est « si peu de chose », dit-il, et « si peu » croyable ! » Au lieu de suivre les chemins battus, plus il s'en éloignera, dit-il encore, plus il aura chance d'approcher de la vérité.

Dans les traités de philosophie scolastique, les passions formaient un chapitre de la morale, comme les météores, un

» hardi, je dirois qu'il n'eft que de la bafTe Cour, & que vous eftes du V Cabinet. Il n'y a coin ni cachette de l'efprit humain, où vous n'ayez » pénétré... » (Les Œuvres de Monjieur de Bal\ac , M.DC.LXV. Tome I, p. 539.) Le philosophe, à qui Balzac préfère ainsi La Chambre, ne serait-il point Descartes, que le même Balzac, dans une lettre à Cha- pelain, du 24 oct. 1644, comparait déjà aux Démons, et même aux grands' Démons? (Tome II de cette édition, p. 470.)

a. Tome IV, p. 3io, 1. 3-5.

b. Ibid., p. 442, 1. 11-14.

c. Tome XI, p. 328 : Passions, partie I, art. 1.

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