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Voyage a Paris 46^

à son arrivée à Paris, d'avoir à rembourser d'abord ces avances. lien garda quelque dépit, et un an plus tard, il reve-

leur donne un sens métaphysique si particulier, et surtout sans les consé- quences scientifiques que leur donne notre philosophe.

De l'Immortalité de l'Ame. Par le Sieur de Silhon. (A Paris, chez Christophle lournel, 1662. In-12, pp. 700.) Les Approbations de la première édition sont rappelées en tête : Paris, 22 et 24 février j6?4.

« Du principe que tout ce qui a ejîre, ou le tient de foy, ou l'a receu, » nous pouuons conclurreque nous, & vne infinité d'autres chofcs, avons » receu nortre eflre. Par exemple : Tout ce qui a eJlre, ou le tient de foy, » ou l'a receu; or -efl-il que nous ne tenons pas nojlre eJlre de nous y me/mes; doncques nous l'auons receu. De ce principe fe tire la » demonrtration qu'il y a Dieu, que ie mettray au difcours fuiuant. » (Page 93.)

« Mais afin de contenter plainement les efprits les plus difficiles, & )> conuaincre les plus opiniallres ; afin de forcer les volontez les plus » déterminées à ne rien croire du tout, & à mettre tout en "loute ; & afin » qu'il n'y en ait pas mefmc de quoy repartir vainement, nv de quoy » faire vne mauuaifc obieftion en faueur du Pirrhonifme : voicy vne » connoifiance certaine, & en quelque fcns qu'on la tourne, & de quelque » iour qu'on la regarde, & dont il c{\ impolFible qu'vn homme qui cil » capable de reflexion & de difcours, puill'e douter & ne s'alVurer pas. » Tout homme, dis-ie, qui a l'vfage du iugement & de la raifon, peut n connoirtre qu'il ejl, c'eft à dire qu'il a vn cltre ; & cette connoillance efl » fi infaillible, que foit ou que toutes les opérations des fens externes » foient en elles-mefmes trompeufes, ou qu'on ne puiiTe pas dillinguer w entr'elles & celles de l'imagination altérée, ny s'alTeurer entièrement li > l'on veille qu fi l'on fonge, & fi ce qu'on voit eft vérité ou illufion & » f;.inte : il eft impoffible qu'vn homme- qui a la force, comme plufieurs » l'ont, de rentrer en luy-m^fme, & de faire ce iugement qu'il ejl, qu'il » fe trompe en ce iugement, c qu'il ne foit pas. C'eft vne vérité aufll fen- » fible à la raifon, que celle du Soleil Tell aux yeux fains, que l'opération » fuppofe l'eftre, qu'il eft neceffaire qu'vne caufe .foit afin qu'elle agiffe, » & qu'il eft impoiïible que ce qui n'eft pas faffe quelque chofe. Dieu » mefme peut tirer du néant à l'eftre & à l'exiftence ce qui n'ell pas ; il » n'a pas befoin pour agir de fujet ny de matière, & toutes les chofes » créées font forties immédiatement de fa puilTance. Mais de faire que ce » qui rt'eft pas, agiffe auparauant qu'il foit : c'eft ce qui emporte contra- » di£lion : c'eft ce que la nature des chofes ne fouffre pas : c'eft ce qui eft » du tout impoffible. »

« Or ce iugement que l'homme fait, qu'il ejl, n'eft pas vne connoif- » fance friuole, ny vne reflexion impertinente. Il peut de là monter par » difcours iufqu'à la première & originelle fource de fon eftre, & à la Vie de Descartes. 5g

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