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aussi bien que de la première. Les retards de celle-ci s’expliquent : tout ne fut réglé à Paris qu’en janvier, où on l’annonça à Descartes, et il n’en reçut qu’en mars la confirmation officielle. Encore avait-on dû intervenir pour hâter les formalités[1]. Descartes nomme M. de Martigny, dont malheureusement nous n’avons point les lettres ; il remercie également un personnage sans lequel M. de Martigny lui-même n’aurait pas réussi, et il semble bien que ce soit Jean de Silhon, secrétaire du cardinal Mazarin, et auteur philosophique[2]. Le brevet fut

  1. Tome V, p. 134, l. 2-7 ; p. 115, l. 2-6, et p. 117, l. 2-3.
  2. Cette lettre soulève un problème d’attribution. Une phrase d’une lettre précédente, t. V, p. 117, l. 3-4, indiquait, ce semble, « Monſr de Neucaſtel » comme destinataire. Mais comment croire que la pension de Descartes ait été due à l’intervention de ce seigneur étranger ? Un Anglais pouvait-il avoir un tel crédit à la cour de France ? Seconde difficulté : il existe trois autres lettres de Descartes, qui sont bien adressées au marquis de Newcastle ; Clerselier, qui ignorait ce nom, les a imprimées ensemble, t. I, lettres li, lii et liii, avec le même en-tête « A un Seigneur » ; pourquoi aurait-il imprimé ailleurs, au t. III, lettre cxxiv, et avec le simple en tête « Monſieur », cette lettre qui avait le même destinataire ? Ne se trouvait-elle point avec les trois autres dans les minutes de Descartes ? Autre difficulté encore : dans ces trois lettres, le ton est cérémonieux : « Voſtre Excellence », dit notre philosophe, et même une fois « Monſeigneur ». (Tome IV, p. 188, l. 15, et p. 192, l. 21 ; p. 325, l. 2, et p. 326, l. 1 ; p. 569, l. 1 et 3, et l. 24-25 ; p. 570, l. 18.) Rien de pareil dans la présente lettre, où il dit simplement : « Monſieur ». Enfin les lettres de ce grand personnage à Descartes avaient presque toujours des retards : quatre mois, pour la seconde, du 19 juin 1645 ; et dix mois, pour la troisième, du 5 janvier 1646, à laquelle Descartes répond le 23 nov. (Ibid., p. 325, l. 2-5 ; p. 568, l. 12-13.) Sans doute Newcastle ne connaissait pas l’adresse du philosophe, et s’y prenait mal pour lui faire parvenir ses lettres. Rien de pareil non plus pour notre lettre de janvier 1648.

    Nous proposons cette conjecture. Le grand distributeur des pensions en ce temps-là était Jean de Silhon, secrétaire du cardinal Mazarin : nous le savons par Balzac, qui fut aussi l’obligé de Silhon, et l’en remercia, comme on voit dans ses lettres à Chapelain, du 19 févr. 1644 (Œuvres de Balzac, édit. 1665, t. I, p. 684-685), et du 6 févr. et du 12 nov. 1646, et surtout du 2 sept. 1647 (Mélanges historiques, t. I, Paris, Impr. Nat., 1873, pp. 744. 782 et 812). On lit dans cette dernière, où il s’excuse et refuse : « Ne ſçavez-vous pas bien que je fuis l’antipode de Mr  de Boisrobert, & qu’encore que je n’aye pas le merite de M. de Saumaiſe, mon