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Cependant les enfants de Jeanne Brochard étaient restés, semble-t-il, le plus longtemps possible à La Haye auprès de leur grand-mère, Jeanne Sain, sans doute jusqu’à la mort de celle-ci en 1610[1]. René, notre philosophe, dira plus tard à la

  1. Jeanne Sain mourut sans doute dans les premiers mois de 1610. Voici, à ce propos, un document qui est le premier acte public, à notre connaissance, où mention soit faite des biens de famille dont hérita en partie Descartes.
    « 26 novembre 1610. — Partages des successions de feu dame Jeanne Sain, veuve de feu messire René Brochard, vivant lieutenant général du Poitou, et de feu damoiselle Jeanne Brochard, vivante dame et douairière de Me Darchange, en séquance du jugement du 5 mai dernier qui ordonne lesdits partages, tant des biens de Poitou que de ceux de Touraine, suivant les appréciations des 17 et 18 mai, arrêtées les 13 juillet et 1er octobre derniers. Lesdits partages faits entre :
    » I. Me René Brochard, éc, sgr de la Coussaye, petit-fils aîné et principal héritier de ladite Jeanne Sain, par représentation de feu Me Claude Brochard son père, vivant conseiller en la cour de Parlement… Le lot dudit sr de la Coussaye se monte à 35. 000 livres.
    » 2. Me René Brochard, éc, sgr des Fontaines, conseiller du Roi et son magistrat au siège présidial de Poitiers, fils de ladite Jeanne Sain. Sa part s’élève à 17.697 livres 10 sous.
    » 3. Me Jouachim Des Cartes, éc., conseiller du Roi en sa cour de Parlement de Bretagne, comme père et loyal administrateur de ses enfants mineurs et de feu damoiselle Jeanne Brochard, sa première femme. Le lot dudit messire Jouachim Des Cartes, audit nom, comprend :
    » La maison, métairie et clos de vigne de la Grand-Maison,
    » La maison noble, appartenances et dépendances du Marchais-Bellin,
    » La maison et métairie du Perrion (sic),
    » Les terres et prés de la Baudinière, — le tout situé paroissed’Availles ;
    » Plus la maison et métairie de la Raintrie (sic) et Pré-Brochard, en la paroisse de Poutumé ;
    » Plus la maison noble, appartenances et dépendances du Petit-Marais, paroisse d’Ingrande, avec quelques rentes en blé et en argent.
    » Le tout montant à 17.723 livres. » Ce document a été publié par Louis de Grandmaison, Bibl. École des Chartes, t. LX, 1899, p. 455-456. La Grand-Maison, le Marchais, le Perron et la Bobinière, sont quatre hameaux de la commune d’Availles, canton de Vouneuil-sur-Vienne, arrondissement de Châtellerault. La Renaintrie est maintenant de la commune de Châtellerault, la commune de Pouthund ayant été réunie à celle-ci en 1801. Enfin le Petit-Marais est une ferme de la commune d’Ingrandes, canton de Dangé, toujours arr. de Châtellerault.
    Des trois enfants de Joachim Descartes et de sa première femme, Jeanne Brochard, deux fils et une fille, celle-ci, Jeanne Descartes, épousa le 21 avril 1613, Pierre Rogier, seigneur du Crévy. « Le mariage fut célébré à Rennes, dans l’église Saint-Germain, par Messire Pierre Radenatz, recteur de cette paroisse. Le contrat, dressé par MMes Jean Nazette et François Gicquel, nous apprend que Jeanne Descartes reçut en dot 15.000 livres, savoir : 8.000 livres, suivant l’ordonnance de dernière volonté de Claude Ferrand, mère dudit sieur Descartes, et 10.000 livres pour la part de Jeanne, dans la succession de défunte Jeanne Sain, son aïeule maternelle, Jeanne Brochard, sa mère, et autre Jeanne Brochart, dame d’Archangié, sa tante. » (Ropartz, p. 54.)