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Princesse Elisabeth. 429

permission. Mais Elisabeth, qui gardait peut-être rancune à Chanut de son voyage manqué en 1647, refusa, et se fit renvoyer tout ce qui était de sa main. Il fallut attendre jusqu'en 1879, qu'une copie de ses lettres, qu'elle avait tout de même laissé prendre, copie conservée dans la bibliothèque du baron de Pallandt, au château de Rosendaal, près Arnhem, fût publiée par Foucher de Careil*. Mais les lettres de Descartes à Elisa- beth, ainsi qu'à la reine Christine, figuraient depuis longtemps à la place d'honneur, c'est-à-dire en tête du premier volume publié par Clerselier en i65j^. Elisabeth, d'ailleurs, bien que certainement elle regrettât Descartes, n'avait pas dédaigné en i652 un hommage qui lui serait venu du principal adver- saire de son philosophe, Gassend lui-même : Sorbière pré- parait une traduction française du Syntagma Philosophicum de ce dernier, et il écrivit (en son nom, il est vrai, et non pas de Gassend), comme dédicace à la Sérénissime Princesse*^,

a. Foucher de Careil, Descartes, la Princesse Palatine et la reine Christine (Paris, Germer-Baillière, 1879, in-8, p. 219; 2' édit., Alcan, 1909). Les fautes de cette publication un peu hâtive ont été corrigées dans la présente édition, après une revision de la copie MS. au château de Rosendaal près Arnhem, en sej'fembre 1894.

b. Tome I, p. xx-xxi, p. xx:' et p. xlvii. De bonne heure on avait réuni, au moins en un cahier sï.anuscrit, les sept lettres principales de Descartes à Elisabeth, celles que Clerselier a imprimées les premières. Voir t. IV, p. 666-667..

c. Sorbière, Lettres & Difcours, etc. (Paris, 1660.) Lettre XV, « d'Orange, le 5 de juin i652. A la fereniffime Princeffe Elizabeth, pre- > miere fille de Frédéric, Roy de Bohême, Comte Palatin & Prince » Eleéleur de l'Empire. »

« Madame, « Il y a quelques années qu'il plut à Voftre Alteffeme commander, à » La Haye, de lui dire mes fentimens fur une quellion curieufe & diffi- » cile, de la preuve de laquelle, par des raifons naturelles, les deux plus » grands philofophes de ce liecle ne dcmeuroient pas bien d'accord, » pource qu'ils ne fuivoient pas une mefme méthode, quoiqu'ils vou- » luffent tirer une mefme conclufion. Ils polbient tous deux, comme une » vérité inébranlable, que l'ame de l'homme eftoit immatérielle. Le pre- » mier fouflenoit que les raifons qu'il avoit apportées dans fes Medi- » tations Meiaphyfiques, avoient la force de Demonftrations Mathema-

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