Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, XII.djvu/416

Cette page n’a pas encore été corrigée

374 Vie de Descartes.

Descartes a pressenti le reproche qu'on pouvait lui faire; et plus tard il se défendra : il est prêt à jurer devant Dieu, dira-t-il, qu'il ne pensait guère aux conséquences, lorsqu'il proposait ses hypothèses; ce n'est qu'ensuite et après coup que, par celles-ci, tout se trouvait expliqué^. Croyons-le donc, puisqu'il le dit, pour ses hypothèses cosmogoniques ; nous avons peine à le croire pour sa définition du mouvement.

Les lois du mouvement sont au nombre de trois"". Selon la première, « chaque chose demeure en l'état où elle est, tant » que rien ne la change » : en repos donc, si cet état est le repos ; en mouvement, si cet état est le mouvement. Ainsi l'exige l'immutabilité divine. Dans la philosophie de l'École, tout mouvement n'avait d'autre but que le repos, qui était sa fin naturelle : singulière philosophie, où une chose n'atteint sa perfection qu'en cessant d'être elle-même, pour devenir son contraire ". Et Descartes de se moquer en passant.

Selon la seconde loi, qui dans son traité du Monde était la troisième, « tout corps qui se meut, tend à continuer son » mouvement en ligne droite ». L'Ecole soutenait, depuis

a. Tome V, p. 170: du 16 avril 1648. Au commencement de l'alinéa, lire plutôt : haud videtur Jatis Jimplex (au lieu de paulo videtur. . .); à quoi Desrartes répond, en insistant : EJi certè fatis Jimplex . . . Valde ejl Jimplex. Voir aussi t. VIII, p. 99, 1. 4-6.

b. Tome VIII, p. 6i-63 (art. xxxvi à xxxviii), p. 63-65 (art. xxxix), et p. 65-67 (art. XL à XLii). Ou bien t. IX (2» partie), p. 83-85, p. 85-86. p. 86-89. Voir aussi t. XI, p. 38-40, p. 43, et p. 41-43. Enfin ci-avant, p. i5o.

c. EusTACHius A S'° Paulo, Summa Philofophiœ. Pars III» : Phyfica : « Quod fpeclat ad quietem, fciendum eft illam dupliciter vfurpari : » vno modo pro folà cuiufuis motûs priuatione, quo modo non eft » vera rerum naturalium propriétés ; altero modo pro exiflentià mobilis » in luo debito & naturali ftatu, fiue quoad locum, lîue quoad quantita- » tem aut qualitatcm, fed prœfertim quoad locum, quatenus in eo quali » naturali & patrià fede fefe melius tuetur, ac totius vniuerfi ordinem & 1) pulchritudinem feruat. Et quidem (1 iuxta hune pofteriorein fenfum M quies accipiatur, fané elt finis iplius motûs naturalis, ac proinde pro- » prietas rei naturalis perfetlior ipfo motu; quare natura non tantùm » motûs, fed etiam quietis principium definitur. » (Edit. 161 1, t. Il, p. loi.) Voir t. VIII, p. 53, 1. 2-4.

�� �