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j66 Vie de Descartes.

dit-il, qui ne demandait qu'à s'en charger. N'était-ce pas là une feinte, assez invraisemblable d'ailleurs, puisque le destinataire de la lettre est le P. Charlet, en qui Descartes paraît avoir eu toute confiance ? Et cet ami supposé n'aurait-il été qu'un prête- nom, cachant mal le véritable auteur, à savoir notre philosophe en personne ? Ou bien quelqu'un, en effet, s'était-il offert à lui rendre ce service, et n'attendait-il pour cela qu'un mot d'ordre et des instructions? On penserait volontiers à l'abbé Picot. La réponse du P. Charlet est ce qu'elle pouvait être"": « il ne » trouvera point mauvais si, sans attaquer personne en parti- » culier, on dit son sentiment, en général, de la Philosophie » qui s'enseigne communément partout ». Et de fait, comment empêcher cela ? Descartes sollicitait une permission, qui ne pouvait lui être refusée. 11 renonça cependant à ce projet, qui peut-être aussi n'était qu'une menace en l'air, pour calmer chez les Jésuites des velléités combatives ; et d'ailleurs, si l'un d'eux, le P. Fabri, l'avait attaqué, un autre, le P. Etienne Noël, venait, dans deux livres récents, de faire son éloge ; ceci contrebalançait cela, et c'était un dédommagement .

Néanmoins il voulut faire la comparaison des deux philo- sophies, l'ancienne et la nouvelle, comme en raccourci dans un même tableau, et les présenter au lecteur, qui serait juge. Déjà toute la conclusion des Principes '^^ n'est pas autre chose : Descartes examine rapidement la doctrine d'Aristote et celle de Démocrite^ et en fait la critique. Mais c'est dans la préface de la traduction française qu'il s'explique nettement, et cette préface, annoncée au P. Charlet en décembre 1646, s'adresse en 1647 au traducteur, l'abbé Picot. La forme grammaticale en est curieuse : Descartes parle au conditionnel, j'aurois voulu

a. Tome IV, p. 587, 1. 6-U). La réponse du P. Charlci est perdue; mais Descarics en reproduit les termes dans sa lettre de remerciemeni.

b. Ibid., p. 584, 1. ')-i6 : Sol flamma et Aphorijhn Pliy/ici. Lettre du 14 déc. 1646.

c. Tome VIII, p. ■323-'-i2tJ, et t. 1\ (2^ partie», p. l^iS-32o : Partie IV, art. 200-203.

d. Tome IV, p. 588, 1. 5-q

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