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nous vivons. Le soleil des astronomes, avec ses dimensions et ses révolutions déterminées par le calcul, n’empêche pas de subsister ce foyer de lumière et de chaleur qui apparaît à nos yeux dans le firmament : et c’est là le soleil réel, qui luit pour nous, comme le monde réel est aussi ce monde de couleurs et de sons, d’odeurs, de saveurs, objet de nos sens, c’est-à-dire de ce composé d’âme et de corps que nous sommes effectivement, et qui est l’homme tout entier. Nul plus que Descartes n’a éprouvé le besoin de l’abstrait : mais nul aussi n’a eu davantage le sentiment du réel. Ni la distinction de l’âme et du corps ne doit faire tort à leur union, car celle-ci est la réalité : ni l’union de l’âme et du corps ne doit faire tort à leur distinction, car de là dépend à la fois la Physique (le corps n’étant qu’étendue), et la Métaphysique (l’âme étant pensée pure), c’est-à-dire à la fois la Science et la Religion.