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J48 ViE DE Descartes.

Synodes et les Consistoires : car il était menacé d'une condam- nation de ce côté-là, bien qu'il alléguât que ses livres n'étaient point de jontroverse religieuse ni de théologie, et qu'à cet égard d'ailleurs il n'aurait à en répondre, lui Français et catholique, que devant la Faculté de théologie de Paris ou la Sorbonne, laquelle avait eu son traité de métaphysique en manuscrit plus de six mois sans le désapprouver.

La lumière continua donc de briller, en dépit des chats- huants qu'elle offusquait ^ En réalité, Descartes était sur le point de partir pour la France (il s'embarqua le 9 juin 1647), et ne savait pas s'il reviendrait en Hollande. Il avait choisi ce pays, espérant y trouver la paix; et voilà que, d'Utrecht et de Groningue et de Leyde, les théologiens huguenots, plus into- lérants cent fois que n'eussent été les Jésuites à Paris, lui déclaraient de tous côtés la guerre. Très sincèrement, il pensa à quitter la Hollande pour n'y plus revenir; et ses amis hollan- dais en eurent peur quelque temps ^. Il y revint cependant, n'ayant pas trouvé à s'établir en France, et n'ayant obtenu à ce

a. Tome V, p. 43, 1. 9-10. Le mot est de Descartes. L'état d'esprit de certains ministres apparaît bien dans cette lettre de Brasset à M. de Bregy-Flexelles, 26 janvier 1646 :

« ...Vn de leurs miniftres feit icy dimanche dernier vn prefche tel » qu'il n'y eut pas vn des auditeurs qui n'en fortift très fcandalifé, à » prendre depuis M. le Prince d'Orange iufques au moindre de la com- » pagnie. Il le tourmenta fort pour prauuer que ceux qu'il appela de la » vraye Religion peuuent auoir paix & trefue auec tout le monde, fuffent » Turcz & Mahometans, mais de ligue offenliue & deffenfiue auec nui » Catholique, & qu'vn Prince ne doibt fouffrir dans fon Eftat autre reli- » gion que la fienne, non plus que dans fa maifon. La Gourde lulhce le » feit appeler, il y a deux iours, pour luy donner vne bonne reprimende. » Il dicl que, quand il entroit en chairre, il prioit Dieu de luy donner la » grâce de bien expliquer fon texte, »& que tout ce qu'il difoit en fuitte » eftoit par infpiration du Saint Efprit. La Cour repartit que, lorfqu'elle )) s'affemble, elle inuoque aully le Saint Efprit, & que le mefme l'auoit .' infpiree de luy faire vne bonne correction. le ne fçay qui ilz prendront » pour iuges de cette variété d'infpirations. . . » {Bibl. Nat., MS. fr. 17.898, f. jj verso./

b. Huygens avait eu pareille crainte déjà, lors de l'affaire Stampioen- Waessenaer : t. III, p. i52-i53, lettre du 14 août 1640.

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