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}}6 Vie de Descartes.

confirmer le lecteur crédule dans cette idée, qu'il était bien un papiste, un Jésuite déguisé, un dévot à la Vierge-Marie, un idolâtre, non moins qu'un philosophe. D'autre part, puisque Voët s attaquait à deu.x ennemis à la fois, il était naturel que tous deu.x unissent leurs efforts pour une défense commune. Descartes ne connaissait pas jusque-là Desmarets, il est vrai' ; mais c'était un compatriote, et la haine de l'étranger était pour quelque chose dans les attaques de Voët contre ces deux Fran- çais (ainsi que contre un troisième encore, Claude Saumaise). De plus Desmarets était aussi ministre de la parole de Dieu, et le philosophe, attaqué par le ministre Voët, n'était pas fâché de montrer que lui n'avait pas de parti pris, puisqu'il faisait cause commune avec un autre ministre protestant; et il se conciliait d'autres religionnaires encore, amis» de Desmarets, lequel en avait appelé contre les thèses d'Utrecht à tous les synodes des Provinces-Unies, leur demandant d'approuver, autant que l'esprit de corps le permettait, la tolérance dont lui-même avait cru devoir user à Bois-Ie-Duc. Enfin, et \'oët n'a pas manqué de dénoncer cette arrière-pensée de Descartes, celui-ci pensait, en effet, à ses amis et surtout à ses ennemis de France : belle réponse à faire aux suspicions et aux calom- nies de quelques-uns, au sujet de sa foi religieuse, s'il se déclarait derechef l'adversaire du grand pontife, sorte de pape des huguenots aux Pays-Bas, et en même temps le défenseur d'une œuvre de dévotion comme la Confrérie de Notre-Dame! A distance, aux yeux des RR. PP. Charlet, Dinet et consorts, l'ancien élève de La Flèche pouvait apparaître comme le cham- pion de la \'ierge-.Marie, à laquelle, deux ou trois ans plus tôt, Louis XIII venait précisément de consacrer son royaume.

Descartes se fit donc l'avocat de Desmarets, dont il confondit la cause avec la sienne. Puis, après avoir exposé ce qu'il pen- sait de l'affaire de Bois-le-Duc, il revint à VAdmiranda Methodus, à laquelle \'oët était aussi revenu, et le dernier tiers

a. Tome VIII (2; partie . p. 319-324.

b. Voir ci'avant, p. io3.

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