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288 Vie de Descartes.

la petite fille, peut-être avec sa mère, se trouvait (on ne sait pourquoi) à Amersfort. Mais tous les projets du père devinrent inutiles : l'enfant fut prise d'une fièvre maligne, qui l'emporta en trois jours, le 7 septembre 1640. Une note de Descartes lui-même, que nous n'avons plus, mais que Baillet avait sous les yeux, nous dit que cette mort lui laissa «le plus grand » regret qu'il eût jamais senti de sa vie », Rien cependant n'en témoigne dans sa correspondance, si ce n'est peut-être un mot énigmatique, le i5 septembre : il s'excuse de n'avoir pu envoyer ses lettres quinze jours plus tôt ; mais il dut, dit-il, partir inopinément hors de Leyde*. La cause de ce départ inopiné ne fut-elle pas la maladie de son enfant, à toute extré- mité, et qu'il eut le malheur de perdre en ce temps-là ?

» cette Dame, afin qu'elle eût la bonté de vouloir veiller fur la perfonne » qu'elle feroit priée de choifir elle même pour mettre auprès de fa fille; » & que cette enfant pût être élevée dans la piété fous fes grands exemples. » Pendant que les chofes fembloient fe difpofer à cela, & que Madame du » Tronchct fongeoit aux mefures qu'il falloit prendre pour féconder de » fi louables intentions, M. Defcartes perdit fa chère Francine, qui mou- » rut à Amersfort le VII de Septembre de l'an 1640, qui étoit le troi- » fiéme jour de fa maladie, ayant le corps tout couvert de pourpre. Il la » pleura avec une tendrelfe qui lui fit éprouver que la vraye philofophie » n'étouffe point le naturel. Il protefta qu'elle luy avoit lailTé par fa mort » le plus grand regret qu'il eût jamais fenti de fa vie. » (Baillet, t. II, p. 89-90.)

a. Tome III, p. 175, 1. 3-4. Cette conjecture est confirmée par la remarque suivante : Descartes partit précipitamment de Leyde, le I" sept., sans même prendre le temps de cacheter ses lettres déjà écrites; mais il aurait pu, semble-t-il, les expédier par le prochain courrier, huit jours après, le 8 sept., et ce n'eût été qu'un retard d'une semaine; il ne le fit pas cependant, et attendit jusqu'au i5. C'est que le 8, lendemain du jour où mourut son enfant, il était encore absent de Leyde, et n'y revint que quelques jours après. — Voir aussi ibid., p. 278, 1. 10-12; mais ce second passage doit s'interpréter différemment, t. IV, p. 373.

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