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même cri d’un perroquet pendu à une fenêtre quand on passe dans la rue[1]. Telle est la part qu’il eut, du mois de mai au mois de novembre 1638, avec les géomètres français, à l’étude de cette question, qui leur avait été envoyée d’Italie.

Revenons maintenant à ce problème que lui-même avait posé à Fermat, dès le début, fin de 1637 ou commencement de 1638. Il s’agissait toujours de déterminer la tangente d’une certaine courbe qu’il indiquait[2] : laquelle des deux méthodes, celle de Fermat ou la sienne, y réussirait le mieux ? Il attendit, et l’attente fut longue : six à sept mois. Le 29 juin, il demanda, ironiquement, si l’on n’avait pas encore résolu sa question. Le retard était un peu de la faute de Mersenne qui, au lieu d’envoyer aussitôt la question à Toulouse, l’avait encore retenue pour la montrer d’abord à Roberval ; et celui-ci n’avait pas le travail prompt ni facile. Le 29 juin, Descartes en reparla à Mersenne[3] ; puis, le 27 juillet, il se moqua de Roberval, qui avait trouvé, non pas la tangente qu’on demandait, mais la figure de cette courbe, que notre philosophe connaissait bien, puisqu’il en avait envoyé la définition[4]. Seulement Roberval donnait un nom à la courbe, comme pour s’en attribuer la paternité : il l’appelait le « galand », nom d’un nœud de ruban à la mode parmi les femmes, ou encore « fleur de jasmin », à cause des quatre parties symétriques qu’il y trouvait, semblables à des pétales. Y avait-il là de quoi tant se vanter ? Descartes vit bien que ses prévisions étaient justes : on ne pouvait trouver la tangente sans sa méthode. Il en donna donc, le 23 août, une démonstration[5], succinctement, comme toujours, et laissant quelque chose à faire à ses rivaux. En même temps il leur proposait encore une courbe, différente de la première, semblait-il, en réalité la même ; il le savait bien, et le dit à

  1. Tome II, p. 148, l. 3-5.
  2. Tome I, p. 490, l. 20, à p. 491, l. 12.
  3. Tome II, p. 177-178.
  4. Ibid., p. 274-275.
  5. Ibid., p. 313-316.