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Polémiques. 2^9

levier, sur le plan incliné, sur la poulie, sans même suivre l'ordre de Descartes, sans non plus les laisser ensemble, et surtout sans y joindre le principe essentiel que Descartes énonçait d'abord, ni les explications d'une importance capitale qu'il y avait ajoutées. Une publicité aussi défectueuse ne ser- vait qu'à demi les intérêts du philosophe ; une fois de plus, le bon religieux, dont Tesprit n'était qu'un pêle-mêle incroyable d'idées de toute sorte, montrait pour son ami plus de zèle que de discernement.

Ce n'est pas la seule fois qu'il agissait ainsi. Beaugrand, nous l'avons vu, avait obtenu de lui les épreuves du livre de Descartes en 1637, au grand déplaisir de ce dernier. Il ne garda même pas pour lui cette faveur ; il en fit part à un conseiller au Parlement de Toulouse, excellent mathématicien, Pierre de Fermât. Celui-ci s'attaqua d'abord à la Dioptriqite, et combattit les démonstrations de la réfraction et même de la réflexion \ Il se tenait d'ailleurs sur le terrain scientifique, et engageait un corps à corps qui ne déplut pas à son adversaire. Mais afin de montrer à Descartes à qui il avait affaire, Mer- senne joignit aux objections contre la Dioptriqite, un écrit de Fermât, De Maximis et Minimis, où celui-ci donnait une méthode pour trouver les tangentes des lignes courbes, comme si notre philosophe avait omis une matière de cette importance. Aussitô la querelle dévia, mais pour prendre autrement d'am- pleur. Descartes répondit qu'il avait traité cette matière dans sa Géométrie, et qu'on n'avait pas su l'y voir. Il n'en était pas surpris d'ailleurs : son procédé était si différent. Les géo- mètres du temps aimaient à se rattacher aux Anciens, conser- vant leur terminologie, les maxima et minima, par exemple, reprenant les débris de leurs oeuvres pour les réparer, comme on faisait des ruines des monuments antiques, mettant leurs propres ouvrages sous la protection d'un grand nom : Apol-

a. Tome I, p. 355-363 : Fermât à Mersenne.

b. Ibid., p. 486-490 et p. 493-495.

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