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Polémiques. 249

signait en un seul, Debeaune, et on peut dire de lui ce que lui- même disait, embarrassé pour l'adresse de notre philosophe : « Je ne sçay pas quelle qualité on luy donne ; je sçay mieux » celles de son esprit \ » Debeaune, donc, faisait force expé- riences sur les réfractions, et aussi force calculs; il en dressait des tables, qu'il envoya à Descartes. De plus, il avait une grande habileté manuelle, et taillait lui-même les verres dont il se servait, tandis que Petit était forcé de s'en remettre aux- artisans , aussi bien que Descartes d'ailleurs, qui avouait n'avoir jamais pratiqué aucun art ni métier, « non plus que s'il était » venu au monde sans mains"^ ». Enfin Debeaune était capable, par ses propres observations astronomiques, de vérifier lui- même ses mesures et de leur donner une parfaite justesse. Ce n'était plus seulement un amateur éclairé, comme Huygens en Hollande, ou peut-être aussi Du Maurier en France ; ce n'était pas non plus un pur savant, capable de donner une théorie sans rien davantage, et encore bien moins un simple prati- cien, incapable de science. Descartes fut ravi d'un tel ensemble de qualités réunies : le dioptricien de Blois lui parut vrai- ment « l'homme qu'il avait souhaité ». Un autre savant de France aurait aussi voulu réaliser le projet des lunettes, Girard Desargues, géomètre lyonnais. Il suivait depuis long- temps les travaux de Descartes sur ce noble sujet des » réfractions », et en i63o, il avait annoncé à mots couvertSj dans un petit livre de Récréations mathématiques, les décou-

a. Tome V, p. 5i3, note, et p. 528 (au bas de la page) : lettre du i3 nov. i638.

b. Ibid., p. 5i8 et p. 540-541 : lettres de Debeaune, 10 oct. i638 et 3 avril 1639. Et t. II, p. 542, 1. 6-9 : lettre de. Descartes, 3o avril.

c. Tome II, p. 452, 1. 5-9. Voir toutefois ci-avant, p. 32, note a.

d. Ibid., 1. 2-3. Voir aussi p. 5o5, 1. 17-23, et p. 5i2-5i3 : lettres du 20 févr. 1639. Voir enfin t. V, outre le passage cité ci-dessus, note a, p. 533 et p. 536 : fin des lettres du 26 févr. et du 5 mars 1639. Tout cela confirme la conjecture, que la lettre cl, t. II, p. 452, s'adresse bien à Debeaune; et Descartes l'avait annoncée à Mersenne, ibid., p. 466, 1. 22-25 (lire par conséquent 1. 25 : Petit ou Février (?), et non pas Roberval). Pourtant, voir aussi t. III, p. 286, 1. 7-17 : du 21 janv. t64i-

Vie de Descartes. Sa

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