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également. Mais les doctes, qui étaient les faiseurs habituels d'objections, prirent-ils tous au sérieux ce livre qui était en français, et qu'on leur disait écrit pour des femmes? Beaucoup s'abstinrent donc ; ou s'ils le critiquèrent, ce fut en leur langue, qui était le latin.

Les premiers à qui notre philosophe envoya des exemplaires de son livre, furent ses anciens maîtres du collège de la Flèche, non pas le P. Véron, qui avait quitté l'enseignement pour la controverse religieuse*, ni même le P. Charlet, peut- être alors en Amérique^, mais au moins trois autres religieux, les PP. Noël, Vatier et Fournier. Avec une humilité feinte, il demande si l'on se souvient encore du petit élève d'autrefois ' ? On le rassure, on ne l'a pas oublié; seulement, le P. Noël est rec- teur; le temps lui manque pour lire lui-même ce livre de philoso- phie, et il le donnera à examiner. Le P. Vatier envoie quelques remarques plutôt louangeuses, que Descartes prend pour de bon argent ; on trouvait un peu courtes ses preuves de l'existence de Dieu ; il promit de les développer. Il attendait autre chose ;

a. Voir ci-avant, p. 23, note a.

b. Ce n'est qu'une conjecture. Mais comment expliquer, sans cela, que Descartes n'ait pas envoyé son livre au P. Charlet? Voir t. IV, p. 345, note b, et surtout p. 585, 1. 3-6.

c. Tome I, p. 383-384 : lettre du 14 juin 1637. Le P. Noël avait été repetitor philosophiœ à La Flèche, et Descartes le lui rappelle : « il y a » vingt-trois ou vingt-quatre ans », dit-il. Ces chiffres nous inquiétaient, attendu qu'ils nous reportaient en arrière à 1614 ou i6i3; nous pensions que Descartes avait quitté le collège en 161 2. Mais cette première date ne nous parait plus aussi sûre ; et nous avons vu, p. 39 ci-avant, que le séjour de notre philosophe à La Flèche a fort bien pu se prolonger davantage. Il suffirait (et pourquoi pas, en l'absence de toute donnée certaine?) de faire commencer ce séjour un peu plus tard, puisqu'il a duré tout de même « huit ou neuf ans » 't. IV, p. 122, 1. 10-11). Le texte ci-dessus viendrait à l'appui de notre conjecture, et nous ne iiroposons plus de le corriger, comme nous avions fait,i. I, p. 384. — Voir la seconde lettre de Descartes au P. Noél, où l'on entrevoit la réponse de celui-ci, ibid., p. 454-455.

d. Ibid., p. 558-565 : lettre du 22 févr, 1628. Et t. II, p. 2S, 1. 19-25 ; p. 5o, 1. 8-14 : lettres de mars i638.

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