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ij6 Vie de Descartes.

Ce docteur avait raison, comme tous les esprits libres dans le public cultivé d'alors. Mais la Sorbonne n'en condamna pasmoins. Et Descartes, qui tiendra tant plus tard, pour son traité de métaphysique, à l'approbation de la Sorbonne (sats pouvoir l'obtenir d'ailleurs), dut à cette date de i635, s'il apprit l'incident, se confirmer dans la pensée de ne pas

» foi-il, qui ofe dire que le repos de la terre foit un article de foy, & par- » tatt ceux qui la croyent dans le mouvement, n'ont pas pour cela un » feniment contraire à la foy; mais pour faire voir que l'Inquifition, qui » a cecidé en faveur du repos, ne donne aucune authorité à ceux qui le » déendent, il faut que ie finiffe par le récit d'une petite hiftoire affez » di\ertilTante, dont m'a fait part un Abbé, qui a efté témoin de toute » l'a faire. »

« 11 y a environ trente cinq ans, qu'un célèbre profelTeur de Philofophie » dans l'Vniverfité de Paris fouftint, dans des thefes publiques, que l'opi- » nion de Copernic eftoit la pjus vrayfemblable des trois qu'on a coutume » de propofer dans les Echoles, & que l'Efcriture n'enfeignoit point le » contraire. Ce langage qui fembloit un peu nouveau, ne plût pas à toute » forte de peffonnes; & M. le Cardinal de Richelieu, entre autres, fe crût » trop intereffé à maintenir le repos de toute la terre, qu'il avoit tâché de » procurer par de longs travaux à quelques unes de fes provinces, pour » ne pas s'oppofer à tout ce qui pouvoit le troubler. Il employa donc tout » fon crédit, pour faire condamner cette Thefe en Sorbonne, dans les » termes à peu prés dont les Inquifiteurs s'eftoient fervi à Rome. Il elloit » trop maiftre dans cette Faculté, pour ne pas venir à bout de ce qu'il » avoit entrepris; mais il arriva qu'un Dofleur, qui vit encore & fe rend » recommandable tous les iours par les excellens ouvrages de Critique » Ecclefiaftique qu'il donne au public, trouvant cette conduitte un peu » étrange, obligea ceux qui avoient rendu cette fentence, ou de fe dédire ou » de tomber dans une contradiclion affez fâcheufe. Il leur demanda... »

« Il eftoit trop maiftre. . . alTez fâcheufe. IlJeur demanda. . . » Passage ainsi modifié dans les exemplaires vendus l'année suivante à Paris, 1671 : « Il I arriva neantmoins que, ne trouvant pas tous les Dofteurs difpofez » à fuivre aveuglement fa penfée, & à condamner une opinion, qui eftant » très-probable à leur fens, eftoit du moins auffi indifférente dans la Fov, » un d'eux qui vit encore & fe rend recommandable par les ouvrages » de Critique Ecclefiâftique qu'il donne au public, leur demanda... > (Pages 236-2?7.)

« Il leur demanda fi on pouvoit librement enfeigner les opinions » d'AriJîote dans l' Vniverfité de Paris; & dit qu'// avoit un grand fcru- 1. pule là-dejfus depuis qu'il avoit appris que cette doctrine avoit ejlé » défendue par plufieur s Conciles. On ne manqua pas de luy répondre

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