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88 "Vie de Descartes.

sance; et qui sait? quand viendra le moment de rédiger sa philosophie, le souvenir qu'il en avait gardé, fut peut-être

» fe mocquoit de la priuation. . . Enfin ils fe vantoient de faire voir le » iour à d'autres thêfes, par lefquelles ils deuoient renuerfer tout ce » qu'on enfeigne des qualité^, & du mélang des élemens, de la gênera- it tion & de l'altération des météores, & de la nature & des propriété^ des » cieus. » (Page 8i.)

A quoi le Philofophe répond : « Il me iemble que quelques vn£s de » ces thefes font fort impertinentes : nommément les deus premières, » qui detruifent la matière & \a. forme; la feptieme, qui ne veut point » d'autres efpeces, ny d'autres genres que le diuers mélange de la terre, » de l'eau, dufel, dufouphre & du mercure ; la huicliefme, qui veut que » toutes les aâions viennent de leur mélange; & la treizième, qui affure » que toutes chofesjont en toutes chojes, & que tout ce qui ejl au monde, » ejî compofé d'atomes. Il eft fort facile de renuerfer toutes ces opinions, » & m'étonne comme ils ont été fi hardis que de faire ces proportions » en vne ville Chreflienne. >>

« Car s'il n'y a point de forme ny de matière, l'homme n'a Jonc ny » corps ny ame : ce qui eft contre la créance de la foy Catholique. »

« S'il n'y a point d'autres genres ny d'autres efpeces, qu'à raifon du » diuers mélange des cinq fubfiances qu'ils établiffent, donc l'homme eft » de mefme efpece que les pierres, que les plantes, & que les animaus : » ce qui eft tres-faus, & fans aucune apparence de vérité. »

« Si toutes les aâions viennent du mélange des mefmes fubfiances, il » faut donc conclure que les aftions de nos entendemens & de nos » volontez n'ont autre principe, ny autre fubjefl que le corps. »

« Enfin fi toutes chofes font en toutes chofes, il faut dire que le corps » fera dans l'efprit, & que l'entendement, la volonté, & tout ce qu'il y a » dans l'ame, fera vne mefme chofe que le corps : ce qui eft fi imper- » tinent, qu'il n'eft pas befoin de le réfuter. »

« Mais ie vous prie de me dire, fi elles n'ont point été condamnées R auec leurs auteurs. »

Le Septique répond : « Elles ont été cenfurées par les Doîfeurs de » Sorbonne comme téméraires & infolentes. C'eft pourquoy les Magi- » ftrats n'ont pas voulu qu'elles fuflent difputées, & ont banni les » auteurs de ces thêfes hors du refiort de tout le Parlement, afin de » reprimer l'audace & la témérité de tous cens qui veulent innouer. . . » (Page 82.)

« Il eft vray que les fauteurs de ces opinions exceptoient l'ame de » l'homme, quand ils nioyent les autres formes dans leur leconde thêfe, » auflfi bien que dans la feptiefme, lors qu'ils nioient la différence des » efpeces, que nous difons prouenir de la forme ; mais les do6tes & les » gens de bien iugeoient qu'ils n'exceptoient point l'ame raifonnable, qu'à

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