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sens propre du mot : savoir, c’est connaître ce qui est vrai indubitablement, et qu’on peut enseigner comme tel. Autrement, on usurpe le nom de savant ou de docte, et on abuse du terme d’enseigner, lequel n’a point de sens, là où il n’est point possible de démontrer[1]. Toutes ces attaques contre la scolastique n’étaient donc à ses yeux que des escarmouches, des combats d’avant-garde : l’action décisive n’avait pas encore été engagée[2].

La scolastique d’ailleurs, se sentant menacée, allait appeler à sa défense, comme la théologie, le bras séculier. Prudemment déjà Basson avait fait imprimer son livre hors de France, à Genève, en 1621 ^. Pierre Gassend, qui vivait loin de Paris,


c. Philofophia : Naturalis adverfus Arijiotelem Libii XII. In quibus abftrufa veterum phyliologia reltauratur, & Ariltotelis errores folidis rationibus refelluniur. A SEnAsriANo Bassone, doftore medico. Avec cette devise : « Amicus Plaio. amicus Socrates, fed magis arnica veritas. » La première édition parut à Genève en 1621 ; la seconde, qui n’est qu’une réimpression, paraîtra à Amsterdam, chez Louis Elzevier, en 1649. (In-8, 16 f. lim.. 63 I pages, et 40 pour la table.) Brucker en parle ainsi, Hift. Crit. Philojuphia’(Lipliie, 1766), t. IV, p. 467-468 : « …Sebartianum » Baffonem, qui in Prœfatione Philofophice naturalis IclUi dignilTima, >i tedatur, laboratiijje plurimos, vt veritatem quafi jepitltam eruerent, » int^cntia faxa. qiiœ viam prcepediebant, velfubmouijfe. veî certe crebris

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  1. Tome I, p. 158, I. 17-27 : lettre à Beeckman, 17 octobre 1630.
  2. Cette cervelle légère de Théophile (au sortir de prison, d’ailleurs, en 1626) ne juge pas trop mal la situation. Il écrivait à Elle Pitard : p>« …Erupit nuper feila quxdam argutatorum qui fe univerfam Stagy » ritarum molem funditus everfuros confidentiflnne protitentur, & inve » teratis dudum erroribus laboranti lasculo prœfto fe medelam habere » jaflitant. Illis, quanquam philofophi minus quàm circulatores audiant, » non défunt tamen quibus fua verba venditent. Ego doilrinœ veftrae » plane rudis, neque certe admittere nec prorfus innovatores iftos aver » fari fuftineo. Nunquam enim in animum induri meum, Naturam cuivis » mortalium adeo fe praebuilTe nudam & parcam, ut folum Aridotelem » habuerit à fecretis. Multa nos tôt deinde annorum experientia fecus » admonere potuit ; quamque fuis minime careat nœvis tantus vir, non » te latet quem nihil illius latet. litos itaque neotericos li per te licet » audire, libet : cauiius tamen atque eâ fide quam à fenioribus merean » tur res novie… » (Œuvres de Théophile, édit. AUeaume, i855, t. II, p. 429.)