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8o V[K DE Descartes.

compagnon de Théophile dans un voyage en Hollande l'année i6i5, se montra dur pour lui, et injuste, et odieux, dans le recueil de Lettres qu'il publia en 1624, lorsque le poète était en prison, menacé de perdre la vie '. Descartes connut tout ce monde, et le coudoya du moins, si même il n'y fut mclé. En 1628, dans une querelle littéraire, il prit parti pour Balzac, qui venait de publier un second recueil de Lettres : il est vrai que le grand épistolier avait composé trois dissertations adressées « à Monsieur des Cartes », où l'on retrouve des maximes de morale, d'un stoïcisme mitigé, tout à fait sem- blables à celles que notre philosophe avait adoptées lui-même en 1619 '\ Ce serait à croire qu'il les lui a empruntées, afin de les mettre en beau langage : lui qui, comme le lui reprochait

Hollande, mais de PAngleterre, et qu'on parle de passer la mer. Chapelain croyait donc Descartes en Angleterre, sur la loi de Mersenne, qui le croyait lui-même, pour avoir ainsi inierprcté un passage d'une lettre du philosophe : lettre du i'^' avril 1640, t. III, p. 5o, 1. i3-20, et lettres du i3 et du 19 mai, t. IV, p. 2i3. Descartes, il est vrai, le détrompa, le 11 juin: t. III, p. 87, 1. 14.

a. LACHiiVRE, toc. cit., t. II, p. 171-187. Lettre à Boisrobert, du 12 sep- tembre, et lettre à Bouthillier, évcque d'Aire, du 20 septembre 1633. Ce sont les lettres XI et IX du recueil intitule : Lettres du S' de Balzac. (A Paris, chez Toussainct Du Bray, rue S. .lacques, aux Kpics Meurs. M.DC.XXIIII. Avec privilège du Roy.) Dans la première de ces deux lettres, on lit entre autres choses : « .le ne veux pas entreprendre fur la » Cour de Parlement, ny prévenir fes Arrefts par mon opinion : aulfi » bien, de penfer rendre cet homme là plus coupable qu'il s'ell fait luy » mefme, ce feroit jetter de l'encre fur le vifage d'un More. » A sa sortie de prison, Théophile y fit une réponse cinglante, qui ne fut imprimée qu'après sa mort, dans une édition de ses Œuvres en 1629, à Rouen, chez Jean de la Mare. A leur voyage en Hollande, Théophile (né à Clai- rac en Agenois, l'année 1590) avait vingt-cinq ans, et Balzac di.x-huit. Les jeunes gens se firent même inscrire à l'Université de Leyde, le 8 mai i6i5 : Balzac à la Faculté de Droit, et Théophile à la Faculté de Méde- cine. A Leyde, Balzac eut une assez vilaine histoire, dont Théophile semble l'avoir tiré. Il s'en souvint à !a suite des attaques de 1624; sa riposte se termine ainsi : « après une très exacte recherche de ma vie, il fe » trouvera que mon adventure la plus ignominieufe eft la fréquentation » de Balzac ». [Ibid., t. I, p. 10, et t. Il, p. i83.)

b. Tome I, p. i2-i3 et p. 56c).

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