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recueil, qui lui fut ainsi attribué. Le poète Théophile était comme le prince de cette folle jeunesse. Banni déjà le 14 juin 1619, il était rentré en France, grâce à de puissantes protections : il promettait d’ailleurs de se convertir au catholicisme (étant né protestant), et se convertit en effet, après la mort de son père en 1622. La première partie de ses œuvres fut publiée par Desbarreaux en 1621 ; elle commençait par une traduction française du dialogue de Platon, « de l’immortalité de l’âme » : les mauvais plaisants disaient « de la mortalité[1] ». Une seconde partie parut en 1623. Théophile avait pris la fuite, et s’était caché, non loin de Paris, à Chantilly, chez le duc de Montmorency. Un nouvel arrêt du Parlement le condamna, par contumace, à être brûlé en effigie, ce qui fut exécuté le jour même, 19 août 1623. Théophile jugea prudent de s’éloigner davantage ; mais comme il allait passer la frontière, il fut rattrapé au Catelet en Picardie, ramené à Paris sous bonne escorte, et emprisonné à la Conciergerie, dans la tour de Montgommery, le 28 septembre 1623. Son procès, un des grands procès du siècle, dura près de deux ans. Enfin, le 1er  septembre 1625, l’arrêt définitif fut rendu, qui mettait à néant « les deffaux, contumaces et jugemens donnez contre ledict Theophille », mais « pour réparation des cas mentionnez audict procez », le bannissait à perpétuité du royaume de France. En même temps, par compensation, le Jésuite qui avait machiné toute cette méchante affaire, le P. Voisin, recevait l’ordre, « sans

  1. 1. Les Œuvres du ſieur Théophile. (A Paris, chez Pierre Billaine, rue S. Jacques à la Bonne Foy. M.DC.XXI. Avec privilege du Roy.) Le privilège est du 6 mars 1621. Deux éditions nouvelles parurent en 1622, à la fois chez Billaine et chez le libraire Jacques Quesnel. Une troisième édition parut chez Billaine, en 1623.

    2. Œuvres du ſieur Theophile. Seconde partie. (A Paris, chez Pierre Billaine, etc., M.DC.XXIII.) En même temps paraissait une autre édition de cette Seconde partie chez Quesnel. Toutes deux parurent dans la seconde quinzaine de juin 1623, avec la troisième édition de la première partie. Aussi l’arrêt du 19 août 1623 ne visait-il plus seulement le Pernaſſe (sic) ſatiricque, mais aussi « autres livres & œuvres dudict Theophille imprimez par les nommez Bilaine & Queſnel ».