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Supplément. 62 1

lutions: au lieu que, dans l'Eglise Chrejstenne, où nous con- ceuons le monde comme le petit ouurage referré d'un pou- uoir immense qui ne s' est pas entièrement desplié, nous ne voyons pas d'inconuenient, qu'il ait son commencement &

5 sa fin.

Sa Majejlé adjoujîe, de plus, que le fentiment de VEglife ejl que l'homme ejl la fin de la création, c'ejî à dire le plus parfait des ouurages du monde, & pour lequel tous les autres ont ejlé faits. L'alliance de Dieu auec

10 l'homme en l'incarnation du Verbe, & tant de miracles faits jufqu'à contraindre le Soleil dans fa route & fon illu- mination, monflrent bien que la nature humaine efl la maifîreffe de toutes les autres qui compofent ce grand corps que nous voyons. Et il ef certain que,fî nous conceuons le

i5 monde en cette vafle eflendue que vous luy donne-^, il efl impofjible que l'homme s'y conferue ce rang honnorable ; au contraire, il fe confderera comme dans vn petit recoing auec toute la terre qu'il habite, fans mefure & fans pro- portion auec la grandeur demefurée du refle. Il jugera

20 bien probablement que toutes ces Efîoiles ont des habitans, ou pluflofl encore des terres autour d'elles, toutes rem- plies de créatures plus intelligentes & meilleures que luy; certes au moins perdra il l'opinion que cette grandeur in- finie du monde f oit faite pour luy, ou luy faffe (sic, lire

2 5 piiiffe) feruir à quoy que ce foit.

Je vous aduoiie, Monfieur, qu'il me vint bien en l'efprit quelque chofe à repartir, pour accommoder voflre hypo- thefe a laverité de la Religion Chreflienne ; mais la Reine n'a point vn efprit 'a fe contenter de raifons probables,

3o & j'eflimay que je ne deuois point ajfoiblir voflre caufe par vne dejfenfe defeélueufe. Je la vous ay referuée toute

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