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6i8 Correspondance.

A Monjieur D'Efcartes, le XI May 164^.

Monjîeur,

Vous aurie-^ eu vne prompte î'efponfc à la lettre que vous m' aue':^ faicî la faueur de m'efcrire, du premier Feb- urier, s'il m'auoit ejîé aujfy facile de la bien comprendre, 5 qu'elle vous a peu coujîé à mettre fur le papier. Ce nefl pas que faye trouué aucune refifîancc en mon efprit à donner confentement : la feule créance que j'ay en vous, me difpofe à receuoir tout, de vojlre part, -fans difcufjion; mais, afin que ce que vous me donne^ me profite dauan- 10 tage,je le veux prendre auec difcernement, & pour cela il me faut du temps, non pas à la vérité fort long, mais calme & deliuré de l'agitation des autres penf'ées, & je ne fuis pas en ejlat de jouir fouuent de ces bonnes occajions. La première fois que je me vis en liberté de îu attacher fans i5 interruption à cette agréable leélure, j'en fus tellement rauy qu'à quelques jours de la, je ne pouuois rappeller mon cfprit au foing des affaires; & comme j'auois lame pleine de ces notions que j'auois receues auec tant de plai- fir, il arriua que le Médecin de la Reine de Suéde, J'çauant 20 1res honnejie homme, nommé Monjieur du Hier, me vint rendre vif te. Et tout incontinant je me defchargeay le cœur auec luy, & luy communiquay ma joye. Je luy relcus, fans qu'il s'en ennuyafl, cette lettre de huicl fueilles, qu'il n'admira pas moins que moy, & me pria de luy prefler 2 5 pour quelque temps, afin de la confderer à Ipifir. Je me defgageay ciuilement de cette prière, ne me voulant point defaijir d'vn efcritf précieux. Mais, a quelques jours delà, je fus preffé de la Reine, à laquelle il en auoit parlé, de

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