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eſtre deduit en pluſieurs diuerſes façons, & que ma plus grande difficulté eſt d’ordinaire de trouuer en laquelle de ces façons il en depend. Car a cela ie ne ſçay point d’autre expedient, que de chercher derechef quelques experiences, qui ſoient telles, que leur euenement ne ſoit pas le meſme, ſi c’eſt en l’vne de ces façons qu’on doit l’expliquer, que ſi c’eſt en l’autre. Au reſte, i’en ſuis maintenant la, que ie voy, ce me ſemble, aſſez bien de quel biaiz on ſe doit prendre a faire la plus part de celles qui peuuent ſeruir a cet effect ; mais ie voy auſſy qu’elles ſont telles, & en ſi grand nombre, que ny mes mains, ny mon reuenu, bien que i’en euſſe mille fois plus que ie n’en ay, ne ſçauroient ſuffire pour toutes ; en ſorte que, ſelon que i’auray deſormais la commodité d’en faire plus ou moins, i’auanceray auſſy plus ou moins en la connoiſſance de la Nature. Ce que ie me prometois de faire connoiſtre, par le traité que i’auois eſcrit, & d’y monſtrer ſi clairement l’vtilité que le public en peut receuoir, que i’obligerois tous ceux qui deſirent en general le bien des hommes, c’eſt a dire, tous ceux qui ſont en effect vertueux, & non point par faux ſemblant, ny ſeulement par opinion, tant a me communiquer celles qu’ils ont deſia faites, qu’a m’ayder en la recherche de celles qui reſtent a faire.

Mais i’ay eu, depuis ce tems la, d’autres raiſons qui m’ont fait changer d’opinion, & penſer que ie deuois veritablement continuër d’eſcrire toutes les choſes que ie iugerois de quelque importance, a meſure que i’en découurirois la verité, & y apporter le meſme ſoin que ſi ie les voulois faire imprimer : tant